Par une belle fin de journée d’été, à l’heure où, sublime alchimiste, la lumière revêt d’or fin tout ce qu’elle touche, goûtons la beauté simple du village de Bus la Mésière.

Cheminant par la route de Boulogne à Bus, nous sommes accueillis par « el’Christ ed’Boulogne », venu en quelque sorte à notre rencontre. Un calvaire d’une taille impressionnante qui, dit-on, fut érigé par les moines de l’abbaye de Corbie à la limite des terres qu’ils avaient défrichées et de l’espace dont ils firent leur lieu de résidence : le futur village de Bus la Mésière.

Quelques centaines de mètres plus loin, un panneau de signalisation entouré de fleurs nous informe que nous entrons dans le village. La première chose que l’on y voit, sur la droite, est une construction peut-être peu esthétique mais oh combien précieuse : un puits artésien, ici nommé « la source », déverse continument une eau limpide, canalisée jusqu’à la mare.

Juste après la première maison se trouve, toujours sur la droite, un assez grand espace planté d’arbres : l’ancien cimetière aujourd’hui désaffecté (le transfert vers le cimetière actuel eut lieu en 1878).

A peine plus loin, de l’autre côté de la route, l’on aperçoit l’ancien jeu d’arc, quelques tables et bancs idéaux pour le pique-nique, et encore quelques fleurs qu’a plantées Alain.

Continuons notre chemin. Passé le premier virage à angle droit, apparaît face à nous l’église, reflétée dans la mare et flanquée des murs d’une ferme ancienne, le tout constituant un dispositif particulièrement pittoresque. Entre l’église et l’entrée de la ferme, le monument aux morts égrène les noms des habitants de Bus la Mésière qui ont payé de leurs vies la liberté dont nous avons joui au moins jusqu’à ces dernières années.

La mare, bordée de jardinières, est alimentée continument par le puits artésien. Il n’est pas rare, les samedis ou les dimanches voire certains mercredis, de voir quelques pêcheurs, assis sur son accotement herbu, y taquiner les [poissons rouges] qui y séjournent – merci à eux de remettre leurs prises à l’eau pour ne pas épuiser cette faune fort restreinte !

L’église, quant à elle, est tout à fait intéressante, à l’intérieur plus encore qu’à l’extérieur. Nous lui consacrons une page spécifique.

Vis à vis de sa façade nord, derrière les buts de foot-ball et face à la salle des fêtes, un arbre de la liberté complète le message du monument aux morts. A son pied une stèle sur laquelle on peut encore lire « 1789 – 1989 Liberté, Liberté chérie ».

Les plus courageux pourront longer le terrain de foot-ball et prendre sur quelques dizaines de mètres la route de Tilloloy : ils y verront la façade est de l’église, architecturalement très originale.

Revenus en face du monument aux morts et tournant le dos à ce dernier, nous voyons l’enfilade de la rue du Pont.  Nous y voyons, sur la droite, tout d’abord la mairie et l’ancienne école communale, puis l’ancien presbytère, jadis prieuré de l’abbaye : une bâtisse intéressante, avec ses pignons à redan ou « à pas de moineau », et sa porte d’entrée surmontée des armoiries dont on peut supposer qu’elles étaient celles de l’abbaye de Corbie.

Passons la « Grande rue ». Au carrefour suivant, sur la gauche, la rue Roquin Maçon offre une perspective bucolique rafraichissante. Puis continuant en direction de Fescamps, nous atteignons un calvaire très simple mais aussi très beau, devant un parterre de fleurs, qui marque encore la limite ouest du village. Après lui, le cimetière [créé en 1869 ?] où l’on trouvera notamment trois tombes de soldats tombés lors de la grande guerre – mais pas celle du soldat Lang, ami de Blaise Cendrars dont celui-ci évoque le destin tragique dans « La main coupée ».