Paroisse Saint Jean-Gabriel en Val d’Avre (horaire des messes)

1. Encore un peu d’histoire

Du premier oratoire à l’église du XIIème siècle

Le premier oratoire

Lorsqu’en 662 Bathilde, épouse de Clovis II (roi de Neustrie et Bourgogne), reine et sainte, fonda l’abbaye de Corbie, elle la dota immédiatement d’un large domaine, « La Terrière ». « Ces terres avaient une grande étendue ; partant d’Hainvillers, elles allaient au-delà de Bus. Or, presque tout cet immense territoire était couvert de bois ».

Les moines de Corbie, appliquant la règle de Saint Benoît, devaient travailler, c’est à dire à cette époque, travailler la terre. L’abbé constitua donc un détachement de quelques moines chargés de défricher à partir du hameau de Fescamps en direction de l’est. Ce travail accompli, ils construisirent en cette fin de VIIème siècle, une ferme et un petit oratoire, non loin d’une source que l’on nomma bientôt « source Sainte Bathilde »., probablement à l’emplacement de l’église actuelle et de la ferme qui la jouxte. Il ne reste, de cette première construction, aucun élément visible.

Le temps de la prospérité

Du VIIème au XVème siècle, le domaine de l’abbaye s’enrichit de nombreuses terres nouvelles que les moines ne purent exploiter seuls. Des ouvriers vinrent leur prêter main forte et s’établirent près de leur ferme, de sorte que bientôt l’étendue de l’oratoire ne permit plus de les accueillir pour rythmer leur vie spirituelle.

L’église du XIIème siècle

C’est ainsi que fut construite une église en pierre de Mortemer, consacrée à Saint Pierre et Saint Paul, de dimensions et de plan proche de ceux que nous connaissons aujourd’hui :

  • un chœur pour le service religieux,
  • une nef assez vaste pour les habitants de la paroisse,
  • au nord, une chapelle formant transept, dédiée à la Vierge Marie,
  • au sud, la chapelle des moines ouverte sur la ferme et consacrée à Sainte Brigitte.

De la guerre de cent ans au XIXème siècle

La guerre de cent ans fut cruelle pour toute la région, Anglais, Bourguignons et Armagnac se la disputant amèrement et les hordes de mercenaires pillant et violant entre deux batailles. L’église fut alors plusieurs fois détruite et reconstruite.

Lorsqu’enfin, au XVème siècle, Louis XI chassa l’ennemi de nos terres et soumit le duc de Bourgogne, l’abbaye de Corbie décida de ne plus exploiter directement son domaine de Bus. Elle y établit un prévôt chargé de défendre ses intérêts et un curé pour conduire les âmes. La chapelle des moines devint alors la chapelle du Prévôt.

Au fil du temps, la partie nord de l’église fut enrichie de deux nouvelles chapelles, l’ensemble des trois chapelles formant alors bas-côté, ainsi qu’en témoigne l’aquarelle de 1875 ci-dessous.

La façade ouest fut refaite en 1883, date qui figure encore au dessus du portail principal.

Le saviez-vous ?

Bus fut longtemps un lieu de pèlerinage pour toute la région. Chaque année, au premier dimanche de mai, l’on venait « en foule » vénérer Sainte Brigitte ou (Brigide). Sainte Brigitte d’Écosse,  Sainte Brigitte de Suède, ou Sainte Brigide sœur de Sainte Maure ? Les historiens de Bus n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur ce point.

L’intercession de Sainte Brigitte put être évoquée par les femmes enceintes dont l’accouchement s’annonçait mal. Elle fut surtout évoquée pour la protection des vaches : « Les bois et les haies commencent à verdoyer et [] fournissent [aux pèlerins] des feuillages dont ils tressent des couronnes qu’ils font toucher à l’antique statue de Sainte Brigitte et à la petite vache placée à sa gauche. Rentrés chez eux, ils les suspendent dans leurs étables. Si une bête devient malade, la couronne est détachée et on mélange quelques unes de ses feuilles sèches dans la boisson destinée à l’animal … Mais la croyance générale est qu’une couronne touchée à Sainte Brigitte écarte du lieu où elle est placée, toute espèce de maladies ».

Aquarelle de l'église par Oswald Macqueron, peinte d'après nature le 23 septembre 1875
Le côté nord de l'église en 2021.

La grande guerre et la reconstruction

En 1918, Bus fut bombardée et l’église fut totalement détruite. « C’est Albert Montant, architecte à Tilloloy, qui fut chargé de la reconstruire dans les années 1920. Il la reconstruisit à l’identique pour ce qui est de la façade ouest, et selon le plan du XIIème siècle pour le reste.

_EglisePierre

2. L’intérieur de l’église

Sous une voûte « en carène de bateau », la décoration actuelle est typique des arts décoratifs, avec l’usage de mosaïques à motifs répétitifs. Voyez notamment l’admirable bénitier près de la porte de la chapelle de la Vierge, ainsi que les lustres au-dessus de la nef.

Autour du chœur, on appréciera les boiseries du chancel, ainsi que les bas-reliefs de la Vierge et du Bon Pasteur au-dessus des autels des deux chapelles.

_EglisePaul

Les statues en pierre de Saint Pierre sur sa cathèdre et de Saint Paul debout datent du XIVème ou du XVème siècle ; elles sont hélas très abîmées. La statue de Sainte Brigitte, côté sud, date de 1906 et se trouve en assez bon état ; tel n’est pas le cas de la statue de Sainte Barbe, qui lui fait face.